UI & Motion Designer / Illustrateur
LORENZO NUTO.
GENÈVE / SUISSE
En tant que créatif polyvalent, je suis constamment à la recherche d'idées et de solutions innovantes dans le domaine de la conception et du design d'interfaces. Mon objectif est de créer des expériences utilisateur fluides et intuitives qui captivent et engagent les utilisateurs.
Comment as-tu atterri dans le design/art ? Parle-moi brièvement de ton parcours.
Après avoir obtenu mon bac STG, qui n'avait absolument rien à voir avec le design et l'art, j'ai passé un entretien dans une école d'art à Annecy, qui s'appelait à l'époque Aries, mais qui n'existe plus maintenant. Elle est aujourd'hui devenue l'école Brassart, si je me trompe pas. J'ai alors intégré une prépa en art appliqué pour explorer toutes les facettes de l'art, notamment la peinture, le dessin, les cours d'anatomie, les perspectives, etc.
Après avoir beaucoup apprécié et pris du plaisir pendant cette prépa, j'ai poursuivi l'année suivante dans le même établissement, cette fois pour un cursus en PAO. C'était l'occasion de se familiariser avec les logiciels d'infographie, même s'ils n'étaient pas aussi évolués qu'aujourd'hui avec Photoshop, Illustrator et InDesign. Vers la fin du cursus, je me suis lancé dans la 3D, avec l'apprentissage des bases de la modélisation, des textures et de l'animation. À la fin de l'année, nous avons réalisé en groupe un petit film d'animation simple sur une thématique choisie.
Bien que j'aurais pu poursuivre en deuxième année pour approfondir mes compétences en 3D, j'ai décidé de chercher du travail, car l'école représentait un coût assez élevé, je me sentais prêt de me lancer dans ce domaine. J'ai préparé mon book et mon portfolio en ligne que j'ai présenté lors de nombreux entretiens, et finalement, j'ai décroché mon premier emploi dans une petite agence de communication à Genève. Ainsi, j'ai commencé à faire mes premiers pas dans le monde professionnel du design.
Est-ce toujours quelque chose que tu as voulu faire ?
Initialement, mon domaine de prédilection était le dessin. J'adore raconter des histoires et je suis un grand rêveur. Au début, mon intérêt se portait particulièrement sur le dessin, les dessins animés, les films d'animation, et surtout les jeux vidéo.
À chaque Noël, je demandais des cadeaux en rapport avec le dessin et la peinture. En classe, je dessinais énormément, car j'avais tendance à m'ennuyer, ce qui me valait parfois quelques punitions et plus tard des heures et des heures de retenue. Je me souviens dessiner fréquemment des personnages issus des dessins animés que je regardais à la télévision, telle que les Razmokets ou encore Hey Arnold. Plus grand après, c'était le Master Chief que j'idolâtrai.
Quelles étaient tes principales inspirations artistiques quand tu étais enfant ?
Quand j'étais enfant, mes principales inspirations étaient largement liées aux dessins animés que j'adorais regarder. Parmi mes favoris, il y avait les Razmokets, Hey Arnold, Dragon Ball Z, et les Minikeums sur France 3. Qui ne se souviens pas des Minikeums ? Ces dessins animés me fascinaient et je me demandais toujours comment ils étaient créés, comment les personnages prenaient vie à l'écran.
Et à force de regarder, je me souviens avoir expérimenté moi-même en bidouillant avec des feuilles, créant de petites séquences d'animation pour faire parler les personnages ou les faire marcher comme de véritables êtres humains, même si le résultat n'était pas toujours à la hauteur de mes attentes ... très loin même, mais c'était drôle !
Plus tard, lorsque j'ai commencé à jouer aux jeux vidéo, j'ai été particulièrement captivé par les premiers jeux Nintendo mettant en scène Mario, puis par le jeu Halo quand j'étais ado. C'est surtout avec Halo que tout a vraiment commencé pour moi dans le domaine du design. À l'époque, il y avait une forte communauté et je me souviens avoir créé des bannières et des logos en rapport avec le jeu pour des forums, développant ainsi mes compétences en design.
Comment se passe ta routine matinale ? Ta journée type.
Alors, il faut savoir que je suis à 20 % indépendant et 80 % en agence. Donc, en général, avant de me rendre à l'agence, j'aime me lever tôt, nourrir et sortir mon chien, puis aller au fitness pendant environ 1 heure. Si je ne suis pas en retard, cela me fait vraiment du bien avant de débuter ma journée.
Les vendredis, lorsque je travaille pour mon activité indépendante, j'essaie également de me lever tôt (quand j'y parviens). Je prends environ 30 à 45 minutes pour me faire une petite veille et me tenir informé des dernières tendances avant de commencer à travailler sur mes projets personnels ou pour mes clients.
Cependant, je dois admettre que ce n'est pas toujours le cas. Il m'arrive parfois de rester au lit et de ne rien faire de particulièrement productif...
Quel est ton setup actuel ?
Mac à 100 % !
Sinon mon setup, c'est tout simple, j'ai un MacBook Pro avec un iPad Pro pour le dessin. Parfois, j'utilise mon iMac pour le Dual-screen, mais voilà, c'est principalement Macbook Pro, iPad Pro.
Quelles sont tes inspirations qui t'aident dans ton travail de tous les jours ?
Que ce soit en agence ou pour mon travail indépendant, je n'attaque jamais un design ou une tâche, même si je suis chargé, sans avoir effectué mon tour de veille pour voir ce qui se fait chez les autres designers et agences que je suis. Je visite également des sites d'inspiration tels que Behance, Dribbble, Awwwards et Site Inspire, qui présentent les nouveaux projets, les concepts et autres dans le domaine du design.
Cela revêt une grande importance pour moi, car cela me procure l'élan créatif nécessaire pour la journée. Grâce à cette démarche, je parviens à trouver l'inspiration et la motivation indispensables pour bien travailler.
Quels sont les sujets que tu aimes le plus explorer dans ton travail ?
J'aime bien prendre des projets existants et les remettre au goût du jour. Les refontes de sites internet, par exemple, m'attirent particulièrement. J'apprécie de créer des sites propres, minimalistes et épurés. Travailler pour des clients comme des cabinets d'architectes est intéressant, car ils ont déjà une approche sensible dans le design. J'aime beaucoup ces projets, car je peux vraiment m'investir dans un travail minimaliste et épuré, sans fioritures inutiles.
Cependant, il n'y a pas de règles strictes. Parfois, je peux être amené à travailler dans un domaine qui ne m'intéressait pas spécialement au départ, mais finalement, je trouve de l'inspiration et j'apporte ma touche personnelle pour créer quelque chose de vraiment cool.
En ce qui concerne les designers scandinaves, j'admire leur style unique. Je trouve qu'ils ont un truc en plus. Le design, ils ont ça dans le sang ! Ça fait partie de leur culture et je trouve que s'inspirer de ces gens-là, c'est toujours une bonne chose et une source d'enrichissement.
As-tu un projet de rêve ? Un(e) artiste, une marque avec qui tu souhaiterais collaborer ?
Créer mon jeu vidéo bien sûr !
Par exemple, imaginer que Elon Musk débarque à Genève pour me dire : "Voilà ta carte blanche pour créer ton jeu vidéo !" Ce serait un peu ça le rêve !
Bon plus sérieusement en ce qui concerne les marques, j'admire énormément Patagonia. Concevoir un projet en lien avec leur approche écologique serait très intéressant, je pense. Leur site internet est d'ailleurs très bien conçu, avec un blog qui présente de nombreuses histoires et anecdotes sur leur utilisation de matériaux recyclés et leur gamme de vêtements fabriqués à partir d'algues. C'est une source d'inspiration particulièrement pertinente en ces temps où la planète souffre et où l'être humain doit faire preuve de responsabilité. Travailler pour une marque comme Patagonia serait un véritable accomplissement pour moi.
Bien sûr, il s'agit de rêver un peu. Mais j'aimerais beaucoup créer des interfaces pour des studios de jeux vidéo tels que Bungie, par exemple. À l'époque, où j'étais passionné par Halo, travailler pour cette entreprise était mon rêve ultime. J'adorais regarder les coulisses de la création des jeux, cela me transportait dans un autre monde et je m'imaginais y travailler un jour. Bungie est une entreprise que j'apprécie énormément, j'aime leur façon de travailler et leur vision artistique. Ils sont vraiment dotés d'un talent exceptionnel. Récemment, avec l'annonce de Marathon, ils ont encore montré leur excellence et leur bon goût.
En résumé, voilà ce qui constitue mes rêves. Travailler pour des marques qui ont une démarche responsable envers l'environnement, et concevoir des interfaces pour des studios de jeux vidéo tels que Bungie. Des projets ambitieux et stimulants qui me font rêver chaque jour un peu plus.
De quel projet es-tu le plus fier ? Et pourquoi ?
Là, au premier abord, le projet dont je suis le plus fier, c'est un projet que j'ai réalisé en freelance et qui s'appelle ECCELAB. C'était pour un cabinet d'architectes spécialisé en décoration. J'ai été chargé de créer tout le branding, le site internet, etc. J'ai adopté une approche vraiment architecturale avec un aspect minimaliste. J'étais incroyablement inspiré et je trouve que le branding que j'ai créé était particulièrement intéressant. Le client l'a beaucoup apprécié également. Il y a vraiment les planètes qui se sont alignées pour ce projet. Peut-être que certains vont trouver que ce n'est pas terrible. Mais moi, personnellement, je trouvais que c'était super intéressant et puis je pense que j'ai fait quelque chose d'assez cool.
Un autre projet dont je suis fier a été réalisé avec une agence à Paris. J'ai dû créer une application mobile pour Watch Dogs 2. Bien que ce n'était pas pour Ubisoft directement, l'application créée par l'agence parisienne, appelée IDEN, a été utilisée par Ubisoft pour promouvoir leur licence Watch Dogs, avec un concept basé sur la géolocalisation pour trouver des goodies liés au jeu. Malgré les contraintes strictes liées à l'iconographie et à l'univers du jeu, j'ai trouvé le projet incroyablement intéressant à réaliser, d'autant plus que j'avais adoré le jeu.
Ce sont les deux projets qui me viennent immédiatement à l'esprit pour le moment. Peut-être qu'à la fin de l'interview, je me rappellerai d'un autre projet. Mais pour l'instant, ce sont vraiment ces deux-là qui me marquent le plus.
En-dehors de mon travail, j'ai de plus en plus d'intérêt pour l'illustration. Actuellement, je travaille sur un projet personnel qui est un conte pour enfants intitulé "Le Voyage d'Émilio". J'invente toute une histoire que je dessine avec l'iPad Pro. À l'origine, c'était destiné exclusivement à mon neveu, mais le projet a pris de l'ampleur au fil du temps et je me suis dit que lorsque je le terminerai, pourquoi ne pas l'auto-publier et en faire un véritable livre. J'ai aussi d'autres idées de projets d'illustration tels que des romans graphiques. Cependant, ce que j'aime particulièrement dans les contes pour enfants, c'est l'imagination et le voyage que cela procure. Les enfants peuvent s'imaginer des choses extraordinaires, et j'adore créer des histoires qui leur permettent de rêver. Un peu de rêve dans ce monde de brute, ça ne fait pas de mal.
Un remède contre la feuille blanche ou le blocage créatif ?
En général, quand je suis confronté à la feuille blanche ou à un blocage, j'ai tendance à m'arrêter un moment. Enfin, "m'arrêter" est une façon de parler...
En agence, il est un peu difficile de tout stopper et de dire à mon patron : "Bon, je n'y arrive pas, salut à demain". Les choses ne fonctionnent pas comme ça... Mais que ce soit en agence ou en tant qu'indépendant, lorsque je fais face à une difficulté, j'essaie de prendre une pause. Je prends un verre d'eau et, si possible, je sors pour discuter avec quelqu'un, m'arrêter un instant de travailler.
En tant qu'indépendant, il est plus facile, entre guillemets, de s'octroyer une pause et de sortir un moment. Je peux aller promener mon chien, me balader en forêt, prendre mon vélo et m'évader un peu.
En réalité, ça ne s'impose pas. Si l'inspiration n'est pas là, elle n'est pas là. Dans ce cas, il faut faire autre chose, essayer de voir d'autres choses, regarder ailleurs, observer son environnement, et l'inspiration finira par revenir automatiquement. Du moins, c'est ce que je pense...
En ce qui concerne les designers scandinaves, j'admire leur style unique. Je trouve qu'ils ont un truc un plus. Le design, ils ont ça dans le sang ! Ça fait partie de leur culture et je trouve que s'inspirer de ces gens-là, c'est toujours une bonne chose et une source d'enrichissement.
Lorenzo Nuto
Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un qui souhaite devenir designer/illustrateur ?
Alors pour moi, ce n'est pas simplement un métier que l'on choisit par effet de mode ou parce que c'est tendance. Les personnes qui pensent ainsi ne réussiront pas, en fait. Soit elles auront du mal à trouver des opportunités professionnelles, soit elles trouveront un emploi mais ne parviendront pas à briller, selon moi. Je ne prétends pas briller dans ce domaine, mais je crois que cela devient plus difficile lorsque l'inspiration manque et que l'on peine à proposer des idées.
En réalité, pour moi, le design doit être une véritable passion ancrée dans les tripes, que l'on nourrit en dehors des heures de travail en agence, peu importe le moment. C'est un état d'esprit où l'on vit, mange et respire design. C'est vraiment quelque chose qui doit venir du plus profond de nous, une envie inconditionnelle qui nous pousse à créer sans compter nos heures. C'est une passion qui nous anime, et lorsque l'on travaille, on ne sent pas réellement que l'on travaille. On doit éprouver un plaisir à 100 % dans ce que l'on fait, c'est une passion pure.
Cette passion implique également de rester constamment à l'affût, de se tenir informé, de s'inspirer en permanence, d'apprendre de nouvelles techniques, car les outils et les logiciels évoluent sans cesse. C'est un travail de veille et de mise à jour continu. Il est facile de perdre le fil si l'on cesse de s'inspirer, de regarder autour de soi et de rester informé. Si l'on relâche notre attention, on risque de se laisser dépasser et de perdre l'élan créatif. Revenir et reprendre le rythme sera alors compliqué.
C'est un voyage créatif sans fin qui demande une implication totale.
Où peut-on te suivre et consulter tes travaux ?
J'ai un compte Instagram dédié au design, nommé "hellolordz_design".
Ensuite, j'ai un compte Instagram dédié aux illustrations, intitulé "Lorenzo Nuto".
Je suis également présent sur Dribbble.
Et bien sûr, j'ai mon propre site internet : hellolordz.com
D'ailleurs, il faudrait que je le mette une bonne fois pour toutes à jour ce site avec les derniers projets que j'ai créés, notamment le projet Eccelab dont j'ai parlé précédemment.
Fondue ou Raclette ?
Raclette sans hésitation !
Abonnez-vous à la newsletter pour ne rien rater !
SwissDesignTalk est un projet dédié à l'interview d'artistes et de designers, offrant un contenu de qualité gratuitement.
Email: info@swissdesigntalk.ch
Linkedin : swissdesigntalk
Instagram : @swissdesigntalk
Twitter : @swissdesigntalk