DESIGNER & ILLUSTRATEUR INDÉPENDANT

LORIS GRILLET.

GENÈVE / SUISSE

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Loris, créatif originaire de Genève, incarne un mariage harmonieux entre le design et l'illustration. Sa carrière de designer a fusionné naturellement avec sa passion pour l'illustration et la cartographie, engendrant ainsi plusieurs projets passionnants. À travers son travail, il tisse un hommage vibrant envers ses souvenirs d'enfance les plus précieux, élaborant des projets riches en détails minutieux et en subtils clins d'œil à son pays natal.

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Comment as-tu atterri dans le design/art ? Parle-moi brièvement de ton parcours.

Je suis graphiste de formation. Mon apprentissage s'est concentré sur le graphisme traditionnel print. J'ai effectué ma formation dans une agence de communication à Genève, où le web n'était pas vraiment notre domaine de prédilection. Nous nous spécialisions davantage dans le branding et la communication d'entreprise. Nous nous sommes investis dans des domaines tels que l'édition, travaillant sur d'importants rapports annuels pour des entités renommées, dont la banque Rothschild et Firmenich.

Lors de mon apprentissage, j'ai eu la chance de côtoyer un collègue passionné par le web. Un jour, il m'a proposé de créer un site web. Il m'a envoyé un lien vers une plateforme d'apprentissage en ligne, peut-être aujourd'hui obsolète. Son instruction était simple : "Rends-toi sur ce site, conçois un site web. Si tu as des questions, n'hésite pas à me les poser, mais surtout, fais quelque chose qui te plaît." C'est ainsi que j'ai plongé dans le monde du web, un univers qui m'a captivé et que j'ai ensuite approfondi en me spécialisant dans le design UX. Mon parcours m'a ait passer dans des entreprises telles que Atipik à Genève, puis :ratio à Lausanne. Ces étapes m'ont permis d'explorer plus en profondeur le design d'interaction, ce qui s'est avéré passionnant.

En somme, je dirais que ma transition vers le web a été le fruit du hasard. J'ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes qui m'ont guidé vers la bonne direction. :ratio a également été une rencontre opportune, me permettant d'ouvrir des portes dans ma méthodologie de travail. Aujourd'hui, je jongle entre deux rôles : designer, où la majorité de mon activité reste tournée vers le design traditionnel, tant print que web, et illustrateur, qui occupe une place croissante et que je cherche à développer davantage.

Quant à l'illustration, cette voie s'est également ouverte par chance. Une cliente m'a un jour confié la création d'une carte illustrée, offrant ainsi l'opportunité de concrétiser un projet que j'avais toujours rêvé de réaliser, mais que je n'avais jamais osé entreprendre seul. Cela m'a ramené au dessin, une activité à laquelle je me consacrais énormément durant mon adolescence. Mon parcours était ainsi tracé. Je nourrissais l'ambition de devenir illustrateur depuis mon jeune âge, mais cette aspiration était alors méconnue. À présent, l'illustration est bel et bien devenue mon métier, et c'est une aventure passionnante.

Est-ce toujours quelque chose que tu as voulu faire ?

Ouais, je dirais à partir d'un certain âge, quand j'étais enfant, j'aspirais à devenir astronaute, comme tant de jeunes garçons. J'étais captivé par l'espace. Cependant, j'ai rapidement compris que le rêve d'astronaute ne serait pas pour moi. J'ai réalisé que cela impliquait un excès de mathématiques et de physique, domaines qui dépassaient mes aptitudes personnelles. Je me suis donc rapidement recentré sur ce qui me rendait plus heureux et plus à l'aise. Les cours de dessin m'apportaient de plus en plus de satisfaction.

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Quelles étaient tes principales inspirations artistiques quand tu étais enfant ?

Pour moi, le manga a toujours occupé une place centrale. J'ai grandi en regardant le Club Dorothée et en étant immergé dans les animés japonais. J'ai d'abord découvert les animés, ensuite les mangas, mais Akira Toriyama, l'auteur de Dragon Ball, reste l'influence dominante pour moi. Quand j'étais enfant, c'était lui qui m'inspirait le plus, et aujourd'hui encore, il demeure l'une de mes sources majeures d'inspiration. Son style artistique est impeccable et s'améliore avec le temps, ce qui renforce mon admiration. C'est surtout son trait, son coup de crayon qui m'a poussé à dessiner : créer des personnages, leurs visages, leurs cheveux, leurs auras. C'était une influence majeure pour moi.

Je suis un fervent admirateur de Saint Seiya, également connu sous le nom des Chevaliers du Zodiaque. Comme beaucoup d'enfants, j'ai été captivé par les designs complexes et ingénieux des armures, avec leurs pouvoirs distincts. Ces éléments ont été mes principales sources d'inspiration dans mon enfance et ce sont eux qui m'ont incité à dessiner.

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Comment se passe ta routine matinale ? Ta journée type.

Avec deux enfants en bas âge, dont un bébé de quelques mois, je ne peux pas vraiment dire que j'ai une routine fixe ou une journée type. Cependant, j'essaie de structurer certains moments de la semaine. Par exemple, le lundi, j'alloue du temps pour organiser mes projets de la semaine, planifier mon emploi du temps et réserver des créneaux horaires spécifiques, bien que je ne le fasse pas toujours. Cela m'aide à garder une certaine structure, même si je ne suis pas très routinier. En revanche, j'essaie de respecter des horaires de travail similaires à ceux d'un bureau.

Je fais de mon mieux pour éviter de travailler le soir, la nuit, les week-ends et pendant les vacances. Cela se produit occasionnellement pour des projets aux délais très courts, mais c'est rare. En général, si je travaille le week-end, je le fais le samedi soir une fois les enfants couchés. Je sors mon iPad plutôt que mon ordinateur pour dessiner, car j'opte principalement pour l'illustration dans ces moments-là.

Je cherche à donner une place importante au temps personnel, en évitant de mélanger travail et vie privée. Le soir, je trouve du réconfort dans le dessin. Cela me permet de me recentrer et de créer dans une ambiance paisible. Si j'ai du temps pour moi, je préfère me concentrer sur des projets personnels. En fin de journée, je consacre souvent du temps au dessin. Que ce soit pour moi ou pour un client, je ressens une certaine méditation dans ce processus. Je mets généralement une série en arrière-plan et je me laisse emporter par le dessin. Cela demeure un moment agréable et non une contrainte.

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Quel est ton setup actuel ?

J'ai un bureau à Genève. Mon setup actuel est assez mobile. Je travaille avec un MacBook Air de 15 pouces et un iPad de 10 pouces. J'ai toujours privilégié la portabilité à la puissance, principalement parce que je n'effectue pas de montage vidéo ni de modélisation 3D. Même les retouches photos sur Photoshop sont devenues rares. À vrai dire, je n'ai pas besoin d'une configuration puissante.

 En ce qui concerne mon iPad, je pense sérieusement à passer à un modèle légèrement plus grand. Cela offrirait plus de confort pour le dessin avec un espace accru. Mon setup est assez basique. Je ne suis pas technophile, je ne m'attarde pas sur la quête de la puce ou de la configuration parfaite. Je privilégie la simplicité, la mobilité et la disponibilité. Dans les nouveaux produits Apple, je m'intéresse particulièrement à l'autonomie de la batterie, notamment pour l'iPad. Cela me permet de travailler en déplacement pendant toute une journée sans nécessité de branchement, ce qui me permet de travailler pratiquement n'importe où.

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Quelles sont tes inspirations qui t'aident dans ton travail de tous les jours ?

Je crois avoir enfin réussi à définir plus précisément mon propre style. Je sais que pour beaucoup d'illustrateurs, trouver leur style est une source d'angoisse. Cela m'a aussi tourmenté pendant longtemps. J'ai exploré diverses approches et je continue d'en explorer de nouvelles parce que j'aime essayer des choses inhabituelles. Mais aujourd'hui, je peux dire qu'un style s'est manifesté, entre guillemets, en identifiant ce que j'apprécie le plus de créer. En réalité, il s'agit du style que j'ai utilisé pour ma carte de trains. C'est un dessin au trait avec une touche d'aspect naïf. Les éléments sont légèrement déformés, sans être nécessairement proportionnels. Je suis particulièrement à l'aise avec ce style, c'est donc vers cette direction que je tends.

Concernant mes inspirations, j'ai une poignée d'illustrateurs qui me guident. Peut-être connais-tu Bumpei Yorifuji, un artiste japonais qui a créé une méthode qu'il appelle le Rakugaki. Cette méthode simplifie la représentation d'un monde complexe. Je suis tombé sur un de ses livres dans une librairie à Bruxelles, et cela a été un coup de cœur. Son approche de simplification tout en conservant l'expressivité m'a séduit. Un autre artiste japonais, Yone, suit un style similaire. Le travail de ces artistes se reflète dans le mien, je pense. 

Lorsque je regarde leur travail, j'y perçois une énorme dose d'inspiration. Le travail en perspective isométrique, que j'apprécie depuis longtemps, est également présent. J'admire la manière dont ils représentent des concepts complexes en utilisant des illustrations simples. 

Pour moi, chaque illustration doit raconter une histoire. Je souhaite que même une illustration figée puisse évoquer un avant et un après. Dans le travail de ces artistes, on trouve des détails subtils qui enrichissent les histoires qu'elles racontent. Ils créent des univers dans lesquels on a envie de se perdre.

Ces artistes me motivent énormément. En somme, mes inspirations artistiques sont créatives et stimulantes. En explorant leurs portfolios, j'ai découvert de magnifiques réalisations. Dans mon processus de création, je m'efforce de rassembler différentes ambiances, angles de vue et palettes de couleurs. Cela me permet d'initier une discussion avec le client. En général, j'arrive avec un croquis brut pour capter l'atmosphère, puis je montre des visuels finis, idéalement les miens, ou ceux d'autres artistes, pour mieux correspondre aux attentes du client. Cette méthode offre une perspective de la direction que nous prenons.

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Quels sont les sujets que tu aimes le plus explorer dans ton travail ?

J'ai l'impression que cela évolue avec le temps. Je suis quelqu'un qui s'ennuie assez rapidement dans ce qu'il fait. J'aime le changement, j'aime explorer différentes voies. Étant passionné par les trains, il n'est pas surprenant que j'aime dessiner des éléments liés au monde ferroviaire. Ainsi, quand je crée des cartes illustrées, il est rare qu'un tram ou un train ne soit pas caché quelque part. J'apprécie que ces éléments puissent susciter l'imaginaire : un petit personnage dissimulé dans une carte invite à penser à son histoire, son origine, sa destination, ses actions à venir, pourquoi il est là et pourquoi il porte ce vêtement. Ce genre de détails me pousse à avancer.

Je travaille également sur un projet de livre pour enfants, comme toi, si je ne me trompe pas. C'est une histoire que je racontais à ma fille quand elle était plus jeune - elle a 4 ans et demi. Je la raconte un peu moins fréquemment maintenant, mais j'aimerais beaucoup l'illustrer et la concrétiser. C'est un domaine que je souhaite mettre en avant. Quand j'étais plus jeune, mon rêve était de faire du character design. J'ai vraiment pris plaisir à dessiner les croquis de tous les petits personnages, qu'ils soient des animaux, en capturant leurs attitudes et expressions. Ce travail de character design, qui implique de visualiser les émotions du personnage, m'a passionné. Curieusement, j'ai trouvé plus d'amusement à dessiner les personnages secondaires qu'à travailler sur le personnage principal. Certains personnages ont des traits vraiment amusants à représenter. C'est un projet que je n'ai jamais réalisé, mais j'aimerais finaliser mon synopsis, créer un storyboard, comprendre comment découper une histoire pour enfants et un jour matérialiser ce projet. Le partager avec ma fille, et maintenant mon fils, ainsi qu'avec d'autres enfants, m'enthousiasme énormément en ce moment.

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As-tu un projet de rêve ? Un(e) artiste, une marque avec qui tu souhaiterais collaborer ?

Je vais un peu jouer les démagos, mais souvent, ce sont davantage les personnes avec qui je collabore plutôt que les projets eux-mêmes qui rendent les projets intéressants. Parfois, sur le papier, certains projets ne semblent pas très captivants, mais j'ai fini par m'y investir passionnément, simplement grâce à des partenaires hyper sympas, extrêmement intelligents et compétents dans leur domaine. Cela a souvent été le cas, et ces expériences ont été de vraies révélations.

Mais la véritable réponse pour moi serait d'un jour travailler avec une compagnie de transport, que ce soit ferroviaire ou aérien. Ces secteurs m'ont toujours fasciné. Mais, si j'avais réellement la baguette magique à disposition, comme tu l'as dit, et que je pouvais choisir mon projet de rêve, ce serait de développer une ligne de produits dérivés pour les CFF.

En Suisse, nous avons une véritable passion pour les trains, et les Suisses sont extrêmement fiers de leur système ferroviaire. Cependant, si tu cherches à acheter un t-shirt sympa ou un poster avec le logo des CFF, tu trouveras peu de choses. Les options qualitatives manquent souvent de fun. Ce constat a été l'une des motivations derrière ma série de cartes illustrées. J'ai souhaité créer des éléments visuels qui permettraient aux passionnés de train d'afficher leur intérêt de manière élégante et qualitative, sans tomber dans le kitsch.

Ayant une petite fille, je me rends compte que lorsqu'on entre dans les boutiques des CFF avec elle, je n'ai jamais envie d'acheter quelque chose. Il n'y a pas d'options attrayantes comme des sacs fourre-tout, des gourdes, ou même des peluches. Il y a tant de choses intéressantes que l'on pourrait créer, à la fois de qualité et amusantes. Ça n'a pas besoin d'être aussi sobre qu'un couteau suisse Victorinox ou un crayon Caran d'Ache avec un logo imprimé. Il y a tellement de possibilités pour des articles originaux. Lors de mes voyages au Japon, j'ai remarqué que les Japonais partageaient notre passion pour les trains. Leur offre de produits dérivés est incroyablement variée, allant des chaussettes aux stylos en forme de trains. Les trains y sont vénérés pour leur ponctualité et leur sérieux, tout en permettant une touche d'amusement dans la communication, qu'il s'agisse du merchandising ou de la publicité.

Pour revenir à ta question initiale, je suis persuadé qu'il y a moyen de créer des produits amusants pour les CFF qui pourraient plaire à un large public, pas seulement aux passionnés de trains. Beaucoup d'enfants ont grandi en observant les trains passer et rêveraient de posséder des articles liés, comme des t-shirts, des sacs à dos, des trousses... Les idées foisonnent pour les produits dérivés.

Dans mon cas, comme tu l'as mentionné précédemment, les idées ne manquent pas. C'est un sujet sur lequel je réfléchis activement. J'ai plusieurs projets axés sur l'illustration, toujours centrés sur le thème du train, pour lesquels je souhaite vendre des impressions et pousser un peu plus loin. J'aspire à créer des produits tangibles qui ne se limitent pas à l'illustration. Cela me tiendrait vraiment à cœur.

De quel projet es-tu le plus fier ? Et pourquoi ?

Je pense qu'aujourd'hui, ma carte, illustrée de la Suisse, demeure mon projet phare. À l'origine, c'était une initiative personnelle, lancée en 2020 pendant le premier confinement. Je me suis dit qu'il me fallait un projet amusant, étant donné que, comme beaucoup, j'avais moins de travail à l'époque. J'ai commencé avec l'intention de le réaliser et de produire quelques tirages pour moi-même. Cependant, dès que j'ai partagé les premiers visuels sur Twitter et surtout sur Instagram, les retours ont été incroyables. Les gens voulaient l'acheter, en voir plus. C'est là que j'ai réalisé que cela prenait de l'ampleur. Lorsque j'ai finalement mis le projet en vente, le retour a dépassé toutes mes attentes. J'ai vendu beaucoup plus d'exemplaires que je ne l'avais imaginé. Au départ, je pensais qu'atteindre 10 ou 12 ventes serait déjà une belle réussite, mais dès la première semaine, j'en avais écoulé 60. C'était vraiment incroyable.

Ce projet m'a demandé d'être extrêmement polyvalent. J'ai tout géré de A à Z. De la création de l'illustration à la production, j'ai fait appel à un imprimeur à Genève, dont je suis très fier. J'aurais pu opter pour une solution moins chère en ligne, en Italie par exemple, mais j'ai préféré travailler avec un imprimeur de Genève. Le pliage des versions pliées a été réalisé dans le canton de Vaud. J'ai également pris en charge la gestion du packaging et des envois, ce qui a demandé énormément de temps. Soudainement, j'avais 100 colis à expédier, ce qui a été un véritable défi. Gérer chaque étape de ce processus, bien que stressant, a été une expérience très valorisante pour moi.

Ce projet m'a énormément appris. La gestion des stocks, la gestion d'un site web et celle d'une clientèle individuelle. Moi qui avais l'habitude de travailler avec des clients commandant des services, me retrouver avec des gens qui achètent des produits a été une nouvelle expérience. Ils me posaient des questions, voulaient savoir si les envois étaient possibles dans tel ou tel pays. Gérer tout cela a été enrichissant. En somme, ce projet a été une expérience très complète. Je suis très satisfait de tout ce que j'ai appris et du résultat final, évidemment.

En termes d'illustration, ce projet est celui dont je suis le plus fier. En ce qui concerne le design, je dirais que c'est tout le travail que j'ai effectué pour bulletin.fr, un média en ligne. J'ai conçu le design des newsletters ainsi que celui du site web. Nous avons également publié un livre. Dans tous ces projets, la qualité, le soin et la finition sont prioritaires. Et comme je l'ai mentionné précédemment, cela tient en grande partie à la collaboration avec des partenaires qui partagent une vision commune et avec qui je me sens en phase. Ce ne sont pas juste des clients, mais de véritables collaborateurs. 

Travailler avec eux est un réel plaisir, au point que je pourrais presque envisager de travailler pour eux gratuitement, même si, bien sûr, ils continuent à me rémunérer ^^

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Un remède contre la feuille blanche ou le blocage créatif ?

Je pense que c'est surtout ne pas rester derrière son ordinateur. Sortir, s'engager dans une activité, voilà ce qui est réellement bénéfique. Cela signifie s'éloigner des réseaux sociaux, laisser de côté le défilement incessant et l'inactivité. Il s'agit d'être actif, de sortir vraiment. Personnellement, il m'est arrivé d'être bloqué face à un problème, mais il m'a suffi de me promener dans le quartier ou de me rendre à la poste pour déposer un colis que j'avais de toute manière à envoyer. Cela permet de rafraîchir l'esprit. Je suis convaincu que l'essentiel est de s'engager dans des activités qui nous ressourcent. Cela peut impliquer le dessin, la réalisation de bricolages, la création avec des Lego, ou toute autre chose qui vous passionne. Je ne crois pas qu'il soit productif de demeurer devant une page blanche et de souffrir dans cette impasse. Il vaut mieux passer à autre chose, laisser reposer les idées, et y revenir avec un regard neuf le lendemain.

Ce sont davantage les personnes avec qui je collabore plutôt que les projets eux-mêmes qui rendent les projets intéressants.

Loris Grillet

Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un qui souhaite devenir designer/illustrateur ?

Je pense que c'est une notion assez personnelle. Pour moi, l'essentiel est de s'engager dans quelque chose qui te plaît, qui t'amuse, et que tu peux envisager de faire toute la journée. Surtout, je pense qu'il est crucial de ne pas rester bloqué sur les aspects techniques. En fait, je crois que c'est important de briser le mythe selon lequel le talent inné est une condition préalable. Je suis convaincu que tu peux commencer demain alors que tu ne sais pas dessiner. Je ne me souviens plus de qui a dit ça, mais j'ai entendu quelqu'un dire un jour qu'il n'y a pas de talent inné, il y a simplement la capacité à prendre du plaisir à apprendre. Si par exemple demain, j'ai envie d'apprendre un instrument de musique, tant que je prends du plaisir à pratiquer, je vais avoir de la facilité à m'entraîner et donc progresser plus vite.

En revanche, si l'apprentissage devient une corvée pour moi, si cela me frustre, si je me force à le faire, alors je ne vais probablement pas devenir compétent. Je pense qu'il est crucial de ne pas idéaliser les gens. Chacun, à un moment donné, n'était pas bon dans ce qu'il faisait. Il ne faut pas juger sa pire journée personnelle en comparaison avec la meilleure journée de quelqu'un d'autre. Cette perspective vaut aussi sur Instagram en général. 

Pour ma part, je fais de l'improvisation théâtrale depuis quatre ans, et il y a vraiment des jours où je suis mauvais, où mes performances sont médiocres, où mes idées ne fonctionnent pas, où mes blagues ne font rire personne, c'est encore pire que la page blanche, c'est un échec complet. Si je m'arrête au premier échec, c'est comme si je dessinais un personnage, que je le ratais, et que j'arrêtais là, je n'aurais jamais la chance de m'améliorer. Il est donc essentiel de persévérer. J'avais un collègue dans mon studio précédent qui était illustrateur, incroyablement doué en anatomie. Il dessinait des personnages en perspective avec une anatomie impeccable, directement à l'encre. C'était vraiment impressionnant. Il disait toujours que son talent venait des heures et des heures d'études anatomiques. Il continuait même à étudier pendant ses pauses, à pratiquer l'anatomie pendant des heures ou des minutes à chaque pause. C'est ainsi qu'on devient bon. Le talent n'est pas un don divin. Il faut juste être prêt à y consacrer beaucoup de temps.

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Où peut-on te suivre et consulter tes travaux ?

C'est principalement sur Instagram, Twitter, et mon site web que je suis actif. J'ai un site pour mon studio de design ainsi qu'un autre dédié à mes illustrations. 

 
loriskumo.com

shop.loriskumo.com

@loriskumo

twitter.com/loriskumo

 
Actuellement, je travaille sur un nouveau site où je vais fusionner les deux aspects, à savoir le design et les illustrations. Au départ, j'avais choisi de les séparer parce qu'à l'époque, je me suis inquiété que mettre en avant mes illustrations refroidisse mes clients existants. J'avais peur qu'ils perçoivent cela comme un éloignement de mes services habituels, d'autant plus que je n'avais pas encore une idée claire de la direction que prendraient mes illustrations. En conséquence, j'ai créé un site distinct. Toutefois, aujourd'hui, l'illustration est devenue une part essentielle de ce que je propose et de mon activité. C'est pourquoi je suis en train de concevoir un nouveau site web où ces deux aspects seront réunis.

Fondue ou Raclette ?

C'est une question très difficile. Je crois que c'est la question sur laquelle je me suis le plus pris la tête. Parce que c'est très difficile de choisir. Je vais répondre comme un bon Suisse, en trouvant un compromis : je dirais la raclette en hiver et la fondue en été. Voilà, ainsi, tu as le meilleur des deux mondes. En fait, les deux plats ont leurs qualités. Savourer une fondue en été en plein air près d'une rivière ou en pleine forêt, c'est quelque chose d'incomparable. Et il serait dommage de se priver d'une délicieuse raclette en hiver.

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Crédits photos : Lucien Kolly
lucienkolly.ch

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