ILLUSTRATEUR INDÉPENDANT
PIERRE-ABRAHAM ROCHAT.
LAUSANNE / SUISSE
Originaire de la Vallée de Joux dans le Jura vaudois Pierre-Abraham Rochat s'investit pleinement dans l'illustration, avec un objectif clair : donner vie aux concepts, émouvoir le public et capturer la beauté des paysages suisses à travers des illustrations riches en détails et en émotions.
Comment as-tu atterri dans le design/art ? Parle-moi brièvement de ton parcours.
J'aimais beaucoup les bandes dessinées étant enfant. J'étais du coup sensible au dessin et cela m'a donné envie d'en faire moi-même.
Quand j'ai compris comment représenter l'espace sur le papier, j'ai commencé à dessiner des scènes, des objets et je n'ai plus arrêté. C'est vraiment la magie de pouvoir créer un espace et un univers sur une feuille de papier avec le dessin au trait qui m'a fasciné.
Je suis originaire de la Vallée de Joux dans le Jura vaudois. J'ai toujours été beaucoup dans la nature environnante et j'étais sensible aux paysages. Réussir à représenter les lieux que j'aimais avec du style était un défi et une envie.
Après un gymnase scientifique et artistique, j'avais le choix entre ces 2 options et c'est la voie artistique qui m'attirait intuitivement le plus, sans savoir quel débouché précis je visais. Je me suis donc inscrit à l'Ecal.
Je n'y ai pas appris le dessin, mais un regard critique sur l'image créée, son sens, les processus pour développer des idées. Et aussi plein de choses dans les médias de l'écran, le web, l'animation, les interfaces. ...
Est-ce toujours quelque chose que tu as voulu faire ?
Je n'ai pas en général de plan précis, mais plutôt des passions et des
attirances. Je sentais au moment de choisir un domaine qu'il me
fallait tenter d'aller vers le dessin et les branches artistiques.
Quelles étaient tes principales inspirations artistiques quand tu étais enfant ?
En tant qu'enfant, la bande dessinée avant tout. Franquin, Hergé, Peyo, Uderzo, Derib, Jean Giraud, etc.
Comment se passe ta routine matinale ? Ta journée type.
Je commence idéalement ma journée par quelques étirements, un quart d'heure de méditation. Ensuite, je n'ai pas de journées type. Mon atelier est chez moi à la Sarraz. Mais j'aime aussi bouger pour voir d'autres ambiances. Je travaille souvent un moment dans des cafés, en ville aussi ou dans le train si je n'ai pas besoin du confort de l'atelier, sur ce que je suis en train de faire. Certains jours se passent entièrement à l'atelier, d'autres plutôt en vadrouille. Si je suis à mon atelier j'utilise souvent la technique des pomodoros, c'est là où je sens que je suis le plus efficace et concentré.
Quel est ton setup actuel ?
Dans mon atelier, je travaille sur une Cintiq 21 pouces connectés à un MacBook Air. Le MacBook Air me permet d'emporter mon bureau avec moi avec une petite Wacom. Si je dois faire des dessins précis à l'extérieur ou en déplacement, j'utilise un iPad. Et j'aime aussi dessiner au crayon dans des carnets pour y mettre ensuite des couleurs à l'aquarelle.
Quelles sont tes inspirations qui t'aident dans ton travail de tous les jours ?
Pour les tableaux personnels, je me base sur ce qui m'a touché en randonnée ou à vélo ou dans mon environnement. Pour les mandats, dans la mesure du possible, j'aime aller sur place pour m'imprégner de l'endroit et comprendre vraiment les lieux. Il y a toujours plus de richesse dans une image qui retranscrit quelque chose que l'on connaît bien. Mais ce qui m'inspire le plus c'est l'observation, le monde environnant et la nature étant sources infinies de beauté et de surprises visuelles. Sinon j'ai plein de dossiers d'images d'inspirations, d'illustrateurs contemporains et de peintres. Aussi les illustrateurs du 20e siècle et les affiches touristiques. J'aime beaucoup aussi la poésie et la simplicité que l'on trouve chez des peintres ou dessinateurs japonais comme Hiroshi Yoshida, Masayasu Ushida, Rako Shirako, Tadahiro Uesugi, ...
Quels sont les sujets que tu aimes le plus explorer dans ton travail ?
Le paysage, la nature, les plantes, les vieux bâtiments. Ce qui me plaît dans les vieux bâtiments, c'est leur côté vivant. Vivant de par leur conception et le beau dessin de base, mais aussi par les déformations et les textures liées au temps. J'aime beaucoup travailler sur des ambiances de lumière, des atmosphères, créer des images dans lesquelles on a envie de plonger, de s'immerger. Du reste, quand je dessine, je m'immerge moi-même dans le dessin. Quand je conçois un tableau, ou une affiche, je l'imagine comme une fenêtre vers un monde lumineux.
Pourrais-tu nous détailler un peu ton processus de travail ?
Je débute généralement par une phase de documentation approfondie. Si la situation géographique le permet, je préfère me rendre sur place pour m'imprégner de l'ambiance, prendre mes propres photos, et vraiment saisir l'essence des lieux, en observant les paysages, les détails, et ainsi de suite. En parallèle, je complète mes informations avec des recherches en ligne. Je recueille également des images de style qui m'inspirent et qui serviront de référence.
Ensuite, je commence à esquisser mes idées. Cela peut débuter au crayon, puis assez rapidement, je passe à l'ordinateur pour créer des compositions en noir et blanc, en jouant avec les valeurs, allant du noir le plus profond au blanc le plus éclatant. Cela me permet d'appréhender la lumière et la composition des zones sombres et claires avant d'introduire la couleur. Une couche de couleur vient ensuite s'ajouter par-dessus l'image en noir et blanc pour explorer différentes options chromatiques.
Généralement, je crée plusieurs versions, souvent une dizaine de versions rapides, pour expérimenter. Je sélectionne ensuite quelques-unes de ces versions que je soumets à mes clients.
Est-ce que tu combines la 3D avec le dessin ?
Oui, mais pas lors de l'esquisse. C'est plutôt au moment de la création des dessins finaux que j'utilise occasionnellement la 3D. Par exemple, lorsque je dois représenter un village entier avec une source lumineuse complexe, je pourrais le faire manuellement, mais cela prendrait beaucoup de temps. Dans ces cas-là, je décide d'incorporer un peu de 3D. Ensuite, je peaufine les détails à la main.
Cependant, certains villages que j'ai dessinés ont été entièrement réalisés à la main. J'apprécie particulièrement de dessiner en perspective. Je maîtrise bien les principes de la perspective, mais parfois, lorsqu'il s'agit d'architectures complexes, la 3D s'avère très utile. Elle permet de concevoir des espaces complexes rapidement, en utilisant des volumes simples que je construirais dans des logiciels comme Blender. La 3D offre l'avantage de fixer rapidement les lignes de perspective et d'explorer différents points de vue, ce qui est particulièrement précieux.
As-tu un projet de rêve ? Un(e) artiste, une marque avec qui tu souhaiterais collaborer ?
Je n'ai pas d'objectifs précis, mais des envies de dessin que je tente de suivre dans mes travaux libres. Je travaille à découvrir ces évidences instinctives. Je me focalise en ce moment surtout sur l'exploration du style, des expériences graphiques que sur un projet précis.
En tant qu'indépendant, il y a toujours cette surprise quant à l'identité de la personne qui va me contacter. J'apprécie également cet aspect, l'élément d'inconnu. Soudainement, c'est la joie lorsque quelqu'un vous contacte, et vous pensez : "Ah, génial, je n'y avais jamais pensé auparavant."
De quel projet es-tu le plus fier ? Et pourquoi ?
Je dirais les séries de timbres-poste suisses. C'était génial de pouvoir participer à ces petits objets qui font ensuite partie d'une culture suisse, qui restent dans l'histoire du timbre, dans les listes de collectionneurs et de passionnés.
Un remède contre la feuille blanche ou le blocage créatif ?
J'applique deux remèdes. Le premier, c'est de me dire que je vais dessiner quelque chose de très facile ou certainement nul. Du coup, je commence des esquisses sans aucune pression. Mais à partir de quelques traits, seulement il y a déjà quelque chose sur la feuille blanche sur quoi rebondir. Soit chercher autre chose, soit apporté des améliorations. Ainsi, on est déjà lancé dans le processus et le blocage disparaît, la feuille se remplit d'images. L'autre remède est de consulter pendant quelques instants des illustrations que j'aime beaucoup, des dossiers d'images d'inspiration d'autres artistes. Cela génère un véritable besoin de créer des images et la motivation jaillit.
Il y a toujours plus de richesse dans une image qui retranscrit quelque chose que l'on connait bien. Mais ce qui m'inspire le plus c'est l'observation, le monde
environnant et la nature étant sources infinies de beauté et de surprises visuelles.
Pierre-Abraham Rochat
Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un qui souhaite devenir designer/illustrateur ?
Je pense que les compétences techniques sont un grand atout. Je conseillerais donc de beaucoup s'entraîner, suivre des cours (composition, dessin d'observation, perspective, lumière, couleurs, etc.) tout en gardant un œil critique sur ce que l'on fait, quel style on est en train de développer et ce qu'on communique. Avec de bons outils en main, on peut exprimer sa vision personnelle. Peut-être aussi essayer de développer plusieurs styles pour ne pas s'enfermer dans une niche trop étroite, et pour s'amuser à explorer !
Où peut-on te suivre et consulter tes travaux ?
Sur mon site portfolio : www.parochat.ch et sur Instagram : @pierreabrahamrochat, ainsi que sur ma boutique en ligne : www.parochat.bigcartel.com
Fondue ou Raclette ?
Je n'ai jamais trop aimé les comparaisons. Et là ça dépend du contexte, impossible de trancher.
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