ILLUSTRATEUR INDÉPENDANT
PANPANCUCUL.
GENÈVE / SUISSE
Né d’un besoin vital de dessiner quotidiennement, d’abord destiné à être du dessin de presse, (mais jamais paru dans la presse)… PanpanCucul s’est développé en se moquant de l’absurdité du monde dans lequel il vit avec humour, sarcasme et décalage.
Comment as-tu atterri dans le design/art ? Parle-moi brièvement de ton parcours.
Je dessine depuis que je suis gamin. Et à un moment donné, où il fallait finir le cycle d'orientation et choisir une voie, j'ai décidé d'aller aux Arts Déco à Genève, l'école des arts décoratifs. J'ai appris le graphisme, mais malheureusement, il n'y avait pas de section illustration. Je suis rentré au début dans la section graphisme par dépit. Par la suite, en sortant de cette école, j'ai obtenu mon CFC de graphiste et j'ai commencé à travailler dans des agences de communication.
Cela fait maintenant 20 ans que je travaille dans la publicité en tant que directeur artistique. Mais j'ai toujours dessiné en parallèle. Et à un moment donné, j'ai décidé de m'investir encore plus dans l'illustration. Cela fait maintenant 3 à 4 ans que je pratique davantage. En parallèle, je travaille deux jours par semaine en agence, et le reste du temps, je suis pleinement engagé dans mon projet PanpanCucul.
Pour ce qui est du style de PanpanCucul, il est réellement apparu à la fin de mes études aux Arts Déco. À la fin du cursus, il fallait passer un CFC, et j’avais envie de me challenger en faisant un CFC illustration en section graphisme. J'ai donc créé des petits bonhommes avec des jambes en bâton, et cela a beaucoup amusé les gens. Je me suis dit que ce serait amusant de développer ce style. Aujourd'hui, je réponds à divers mandats, que ce soit pour des projets communaux, personnels, des expositions, des BD, la réalisation de fresques murales ou des illustrations pour des magazines tels que celui des HUG, le Bilan Luxe, et quelques autres ponctuellement.
Est-ce toujours quelque chose que tu as voulu faire ?
Oui, le dessin a toujours été ma première passion. Mais à un moment donné, je me suis dit que je devrais peut-être devenir avocat pour gagner plein de fric, mais ensuite je me suis dit non...
Non, mais plus sérieusement, c'est quelque chose que j'ai toujours aimé et que j'ai voulu faire. Donc, il était assez logique que je choisisse cette voie dans ma vie. Et aujourd'hui, je dois dire que je ne regrette pas du tout et c'est super !
Quelles étaient tes principales inspirations artistiques quand tu étais enfant ?
Les inspirations pour créer le personnage de PanpanCucul, c'est un peu bête, mais je n'en ai pas réellement. C'est plutôt venu de mon envie de simplifier au maximum les choses et de créer quelque chose d'amusant. Après, j'ai peut-être pris des éléments inconsciemment.
Quand j'étais enfant, j'aimais énormément les bandes dessinées. J'avais même remporté un concours lorsque j'avais six ou sept ans, si je ne me trompe pas. C'était lors d'un festival de bande dessinée (qui n'existe plus maintenant) à Sierre, dans le Valais. Et le premier prix était des bandes dessinées, que j'avais gagnées en quantité équivalente à ma taille.
Mais disons que je regardais beaucoup de dessins animés, notamment grâce au Club Dorothée, ainsi que des mangas et d'autres choses du genre. J'adorais aussi les dragons et les dinosaures, ce qui me donnait envie d'en dessiner beaucoup. Je créais également beaucoup de monstres et de personnages de mangas. Par la suite, cela a un peu évolué et j'ai commencé à copier les bandes dessinées. À ce sujet, il y avait une bande dessinée que j'adorais lorsque j'étais plus jeune, et que j'apprécie toujours d'ailleurs, c'est la série Lanfeust de Troy. C'est une série fantastique avec des trolls et des chevaliers, c'était vraiment génial, alors je m'inspirais un peu de tout cela.
Et un jour, j'ai dessiné un petit bonhomme avec deux bâtons, et c'est ainsi que PanpanCucul est né. Mais à l'époque, ça ne s’appelait pas encore comme ça.
Le nom PanpanCucul est venu à l'esprit parce qu'à un moment donné, je me suis dit qu'il fallait que je fasse quelque chose, et je voulais me lancer dans le dessin de presse. Et puis je me suis dit que c'était un nom sympa pour se moquer un peu de l'actualité et tout ça.
Il y avait même des gens au début qui me disaient : "Ouais, mais on n'ose pas signer avec ce nom, vous pouvez enlever votre signature ?" Je répondais : "Eh bien, si vous ne voulez pas que je signe PanpanCucul, alors je ne le fais pas...". Et on a tous entendu ça quand on était petit : PanpanCucul. Pour moi, c'est un langage très familier, et c'est aussi un mot amusant !
Pour revenir à ce que tu disais toute à l'heure. Tu as dit que tu aimais beaucoup les dinosaures, mais là, je n'en ai vu aucun dans tes dessins actuels, pourquoi ?
Non, j'ai bien compris qu'ils avaient disparu de la planète. Et peut-être que j'en ai trop dessiné justement et que j'ai fini par m'en lasser. Mais j'adore toujours regarder des films avec des dinosaures. Ce serait amusant s'ils revenaient !
J'ai aussi oublié de préciser dans mes inspirations que quand j'étais gamin (bon, ça n'a rien à voir avec le dessin), mais la musique m'a beaucoup inspiré également. Je regardais aussi beaucoup de films. Par contre, je ne jouais pas tellement aux jeux vidéo, on n'avait pas trop le droit.
Comment se passe ta routine matinale ? Ta journée type.
Je n'ai pas du tout de routine, je déteste ça. C'est quelque chose que je n'aime pas.
Mais en général, je me lève assez tôt, je prends un café et j'attaque. Mais mes journées sont vraiment différentes. Certains jours, je vais à Lausanne, d'autres moments, je suis ici, et d'autres fois, j'ai des rendez-vous. Les mardis, je me lève et je vais faire de la boxe parce que ça me fait du bien. Et puis d'autres jours, je prends mon vélo et je vais faire une balade de 2 heures parce que j'ai besoin de prendre l'air avant de travailler. Donc, voilà, c'est un peu différent tous les jours.
Et parfois, je travaille pendant 2 heures le matin puis je ne fais rien jusqu'à 15 heures. Et ensuite, je vais me mettre à travailler jusqu'à 2 heures du matin. Bref, tu as compris, j'ai vraiment du mal à me fixer des horaires du type 8h-18h. Je ne peux plus le faire maintenant, je n'y arrive plus. Rester assis pendant 8 heures par jour, j'en ai un peu marre ! Donc la routine, pas de routine.
Quel est ton setup actuel ?
Pour ce qui est du numérique, je travaille avec un iPad et l'application Procreate. Et ça me sauve la vie, car j'avais essayé sur une tablette Microsoft, mais ce n'était vraiment pas terrible pour le dessin, je trouve. Après, pour plein d'autres choses, c'est certainement bien, mais pas pour ça.
Et en ce qui concerne le traditionnel, je scanne simplement mes dessins. Donc l'iPad pour le côté nomade, c'est super pratique ! Son seul défaut, je trouve, c'est la taille. J'espère qu'ils vont en faire un encore plus grand par la suite.
Quelles sont tes inspirations qui t'aident dans ton travail de tous les jours ?
Tout d'abord, je dirais les gens et ce que je vis au quotidien : les enfants, les gens en général, ce qu'ils disent, ce qu'ils font. L'actualité aussi, parce qu'on entend des bêtises tous les jours, c'est très inspirant. Surtout inspirant pour faire des blagues, car ça devient de pire en pire.
La technologie, j'aime bien aussi, surtout maintenant avec l'intelligence artificielle et toutes ces choses. Il y a de quoi rigoler, je trouve. Ensuite, il y a la politique, car c'est absolument absurde, et on peut énormément rigoler avec ça aussi.
L'environnement, également, me tient à cœur, et j'aime bien en parler. Après, il y a aussi des sujets qui surgissent de nulle part, mais je n'ai pas vraiment de thème de prédilection. Mais en gros, c'est vraiment le quotidien, ce que j'entends, les news, ce que je vis, c'est un peu ça en fait, je me nourris de tout ce qui m'entoure.
Quels sont les sujets que tu aimes le plus explorer dans ton travail ?
Si je devais en citer trois, ce serait vraiment la politique, l'environnement et les nouvelles technologies.
As-tu un projet de rêve ? Un(e) artiste, une marque avec qui tu souhaiterais collaborer ?
J'aimerais bien créer des illustrations à l'intérieur des montres, pour les Flik Flak par exemple. Pourtant je porte pas de montres, parce que je ne sais pas, j'ai l'heure partout aujourd'hui ... Et en réalité, les montres me stressent un peu, car elles symbolisent le temps qui passe, le vieillissement, et le fait qu'il n'y ait que 24 heures dans une journée. Mais ce serait cool de faire des montres pour les enfants. Peu importe la marque, mais elle devrait être suisse, évidemment, car sinon ce n'est pas drôle. Et même pour une marque de luxe, ce serait génial.
De quel projet es-tu le plus fier ? Et pourquoi ?
Un projet personnel que j'ai réalisé pendant le confinement. J'ai réalisé 54 dessins sur de grands formats, du premier jour du confinement jusqu'au dernier jour. Chaque soir, je réalisais un dessin. Une fois terminé, j'ai contacté une galerie et j'ai présenté mon projet qui a été exposé par la suite.
Pour résumer l'histoire de ces dessins, ils représentaient les émotions que j'ai ressenties pendant le confinement. C'était une période étrange où par moments, on tournait en rond et on ne savait pas trop ce qui nous arrivait. J'ai trouvé intéressant de mettre toutes ces émotions en forme et d'en garder une trace. Je sais que je ne suis pas le seul à avoir fait cela, mais c'est mon projet et j'en étais assez fier et content. Tout a été fait à la main, de manière traditionnelle, sur du papier de 50 par 70 cm, à l'aide de gros feutres et de lavis.
Un autre projet dont je suis fier, ce sont les fresques murales que j'ai réalisées pour des communes. J'aimerais beaucoup en refaire à l'avenir.
Un remède contre la feuille blanche ou le blocage créatif ?
Non, malheureusement je n'en ai pas... Parce que moi aussi ça m'arrive parfois de ne pas y arriver. J'ai plein de projets et parfois je n'arrive pas à prendre mon crayon, je ne sais pas pourquoi, j'ai l'esprit occupé par autre chose ou je suis occupé ailleurs, etc. Puis tout d'un coup, ça se débloque. Je dirais peut-être que le seul remède c'est plutôt le repos et le sport.
Il m'arrive parfois de sortir souvent voir des amis alors que je sais que j'ai du travail à terminer, mais je me dis que je m'en fiche, je n'y arrive pas à ce moment-là. Et tout d'un coup, je me dis "Allez, stop, il faut s'y remettre". Mais par moments, il m'arrive de ne pas sortir pendant une semaine entière, je travaille à fond.
En fait, ce qui est chiant, ce sont les réseaux sociaux. Parce qu'avec ça, tu as une pression, tu dois dessiner, dessiner. Si tu perds le fil ou si tu ne dessines pas, tu disparaîs un peu. Mais maintenant je me suis dit que je m'en fiche. La société est pourrie à cause de ça, car elle nous met une pression constante pour tout, et selon moi, c'est ce qui cause le blocage et la feuille blanche. Tu as la pression de devoir faire et tout. "Je dois finir, je dois finir, je dois finir." Et tu es là, bon ben en fait ce n'est pas fini et puis ce n'est pas grave, et tu l'expliques aux gens et c'est ok. Bref, je pense que les réseaux sociaux ne sont pas bons.
C'est mon point de vue. Les réseaux sociaux ont permis à des personnes non créatives d’avoir une audience, et ça a forcé les personnes créatives à devoir créer sans arrêt pour conserver la leur.
Les gens sont un peu pris en otage par ce truc, ils se disent "il faut que je fasse, il faut que je fasse". Mais pour donner une réponse courte, je dirais qu'il faut essayer d'avoir une discipline.
Les réseaux sociaux ont permis à des personnes non créatives d’avoir une audience, et ça a forcé les personnes créatives à devoir créer sans arrêt pour conserver la leur.
PanpanCucul
Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un qui souhaite devenir designer/illustrateur ?
Je ne sais pas trop, je n'ai pas fait d'école d'illustration donc je n'ai pas tellement de réponse à donner. Mais j'ai toujours dessiné, comme je l'ai expliqué tout à l'heure. Et à la base, je viens de la pub, donc mon style de dessin est axé sur l'humour, et c'est peut-être cela qui m'a ouvert des opportunités. Mais ce qui est important, c'est le réseau, le bouche-à-oreille. Étant quelqu'un de très social, je sors beaucoup, je rencontre des gens, et cela me permet d'engager des conversations avec de nouvelles personnes qui me confient du travail.
D'ailleurs, c'est ce que je pense que les écoles d'art devraient enseigner aux élèves : comment se créer un réseau. Parce que sortir d'une école d'art à 18-20 ans ou peut-être un peu plus, ce n'est pas facile.
Je fais une petite parenthèse à ce sujet, cette année j'ai donné des cours aux CFP Arts tous les vendredis, mais pour les graphistes. J'ai trouvé cette expérience très enrichissante, super cool. En ce qui concerne les élèves, une fois qu'ils ont terminé leur cursus, la plupart d'entre eux ne savent pas vraiment ce qu'ils veulent faire. Ils se sentent désemparés face à la société actuelle, qui ne présente pas toujours des perspectives réjouissantes, et ils manquent également de réseau.
Donc mon conseil pour quelqu'un qui souhaite devenir illustrateur, c'est vraiment d'essayer de développer son réseau au maximum. De fréquenter les lieux où il y a des expositions et de rencontrer des gens, car c'est ainsi que l'on obtient des contrats. Aller à des vernissages, participer à des événements de ce genre, en somme, sortir véritablement. Et voyager aussi, car voyager c'est inspirant !
Où peut-on te suivre et consulter tes travaux ?
Sur mon Instagram, c'est @panpan_cucul. Mes fresques que vous pouvez apercevoir dans la rue. J'ai aussi un site internet, panpancucul.com, où vous trouverez des goodies, des t-shirts, des casquettes et plein d'autres choses. Je mets régulièrement mes travaux à jour et vous pouvez me contacter via ce site.
En ce qui concerne les projets que vous pouvez consulter en ce moment, il y a le magazine des HUG Pulsations. Je crée des doubles pages pour les juniors sur des sujets de santé. Cela fait bientôt 5 ans que je collabore avec eux, c'est vraiment chouette. Je travaille également pour le magazine Bilan Luxe, où je me concentre sur le thème du luxe. Ce qui est cool, c'est qu'ils me laissent une certaine liberté pour me moquer un peu de ce milieu, que je trouve assez rigolo. Ensuite, je collabore beaucoup avec la ville de Lancy. Ils me confient de nombreux projets et j'apprécie énormément de travailler avec eux. J'ai également des collaborations avec l'État de Genève et la ville de Genève que vous pouvez voir.
Fondue ou Raclette ?
Raclette, évidemment ! Je suis Valaisan, je ne vais quand même pas manger de la fondue ! Non, mais j'adore les deux en réalité. Mais ... Je préfère quand même la raclette ;)
Crédits photos : Nicolas Schopfer
https://schopfernicolas.ch/
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