DESIGN DIRECTOR @BASE DESIGN
LUC VEGA.
GENÈVE / SUISSE
Luc Vega, Design Director chez Base Design, crée des concepts uniques et des identités visuelles distinctives pour chaque marque. Passionné par l'innovation et les détails, il propose des solutions sur mesure pour chaque client. Son approche créative repose sur une combinaison de recherche approfondie, d'expérimentation audacieuse et d'une attention méticuleuse aux besoins spécifiques. Grâce à son expertise et à sa vision artistique, il parvient à transformer les objectifs commerciaux en expériences visuelles captivantes.
Comment as-tu atterri dans le design/art ? Parle-moi brièvement de ton parcours.
En effet, j'ai débuté par un apprentissage en tant que peintre en lettres, une profession qui se rapproche de celle des réalisateurs publicitaires, bien que son appellation ait peut-être évolué depuis. Il s'agissait essentiellement de la création et de la pose d'autocollants et de stickers. Ensuite, j'ai aspiré à intégrer l'ECAL et j'ai fait une maturité professionnelle, avec quelques formations complémentaires dans le domaine du digital. Pendant cette période, j'ai eu un peu de temps avant d'entrer à l'ECAL, ce qui m'a permis de réfléchir. Par la suite, j'ai effectué un court stage à Paris, puis j'ai rejoint l'équipe de Base Design à Genève. Avant cela, j'avais passé trois mois dans la capitale française, mais j'ai ressenti un manque pour la Suisse, ce qui m'a poussé à revenir. Depuis toujours, j'ai été attiré par le monde visuel et la communication graphique, nourri par mes expériences télévisuelles, les bandes dessinées, mangas & comics. C'est donc tout naturellement que je me suis dirigé vers ce domaine, sans véritablement planifier ma carrière dans le design. J'ai simplement suivi mon instinct, cherchant constamment à m'épanouir et à progresser dans cette voie. C'est ainsi que j'en suis arrivé là aujourd'hui.
Est-ce toujours quelque chose que tu as voulu faire ?
Oui, depuis toujours ! C'est difficile à expliquer, mais j'ai toujours été réceptif à ce que je vois. Ma compréhension des choses se fait principalement par l'observation visuelle. C'est un aspect qui a toujours eu une grande importance pour moi et quelque chose de très naturel. Car c'est ainsi que je m'exprime finalement. Par exemple, je ne suis pas très doué, enfin, je ne suis pas un écrivain ou un rédacteur. Donc, je trouve que dans le domaine visuel, je peux m'exprimer, je peux jouer avec les codes, et c'est ce qui me plaît en fait.
Quelles étaient tes principales inspirations artistiques quand tu étais enfant ?
Les dessins animés et les bandes dessinées m'ont profondément marqué, en particulier Mickey Mouse et Mickey Parade. C'est de là que mon intérêt pour les comics et les dessins animés a commencé. Ce que j'apprécie, c'est leur capacité à être compris même sans connaître la langue. Visuellement claires, les émotions sont facilement perceptibles. Tout est direct, ce qui facilite la compréhension. C'est relaxant, facile à suivre et simple, permettant une immersion directe dans l'histoire. Les jeux vidéo ont également laissé une impression sur moi, me transportant dans des mondes incroyables et visuellement captivants.
Comment se passe ta routine matinale ? Ta journée type.
Je suis très attaché à mes rituels, j'ai une routine bien établie, presque minutée, entre le moment où je me réveille et celui où j'arrive au bureau. Je ne sais pas si c'est une bonne chose, mais j'ai besoin de cette rigueur pour commencer ma journée de manière sereine. Ainsi, dès que j'arrive au bureau, je prends le temps de choisir la playlist que je vais écouter. C'est un peu comme si je cherchais à capter l'ambiance de la journée en fonction de la météo, de l'humeur et des projets en cours. J'ai toute une sélection de playlists et j'essaie de choisir celle qui correspond le mieux à l'atmosphère du jour. Je me sens un peu perdu lorsque je démarre ma journée de travail dans le silence, sans musique. La musique donne le coup d'envoi, elle lance la journée. Je ne pourrais pas commencer un nouveau projet sans avoir une bande son adapté. Que ce soit pour me motiver lorsque la deadline approche à grands pas, ou au contraire pour me détendre et me concentrer, la musique est essentielle pour moi.
Quel est ton setup actuel ?
Je regrette, mais Windows est un cauchemar ... Je trouve leur système très frustrant et déconcertant. Je comprends que certains aiment personnaliser et bricoler leurs appareils, mais pour moi, les dernières versions des PC sont un vrai casse-tête. Je ne parviens tout simplement pas à saisir leur logique. C'est pourquoi j'ai décidé d'opter pour un MacBook et un iPhone, et maintenant, tout est synchronisé, de l'ordinateur au téléphone, ce qui rend les choses tellement plus simples et fluides.
Quelles sont tes inspirations qui t'aident dans ton travail de tous les jours ?
Je suis constamment stimulé par le visuel. Je ne fais pas de veille au sens traditionnel du terme, où je dédie un temps spécifique pour explorer ce qui se passe autour de moi. En réalité, je suis toujours en train d'observer mon environnement, mes yeux sont constamment à l'affût. Je m'inspire de tout ce qui m'entoure visuellement. Mon approche consiste à comprendre les codes visuels de chaque élément que je rencontre, que ce soit pour les déconstruire ou les reconstruire. J'essaie de constituer mentalement des bibliothèques d'images, où chaque univers visuel a ses propres codes et références. Cela me permet de puiser dans mes souvenirs visuels pour nourrir ma créativité lorsque je lance un nouveau projet. Bien sûr, je suis aussi sur Pinterest comme tout le monde. Mais je trouve que je suis plus inspiré par ce que je vois dans la rue et dans mon environnement immédiat. Lorsque je démarre un projet, je cherche à comprendre ce qui s'y passe déjà, ce qui a été fait auparavant, et ce qui se fait actuellement. Cela me permet d'adapter mes idées en fonction des besoins spécifiques du projet.
Quel sujet t'intéresse le plus dans le domaine du branding : la création de logo ou sa déclinaison sur différents supports par exemple ?
Dans le domaine du branding, je suis convaincu que c'est bien plus que simplement concevoir un logo. Bien sûr, parfois, c'est cela, mais ce n'est pas toujours le cas. En réalité, lorsque les clients viennent nous voir, ils ont souvent toute une série de problèmes liés à l'aspect visuel de leur marque, à leur positionnement ou à leur message. Ils expriment parfois un sentiment de perte d'identité en tant que marque. Notre travail commence donc par une phase stratégique où nous cherchons à comprendre et à synthétiser l'essence de la marque. Ensuite, la partie conception consiste à exprimer visuellement cette identité. Ce qui est fascinant, c'est que nous proposons en quelque sorte un package complet en définissant les valeurs, la mission et la personnalité de la marque. En tant que designer, notre défi est de trouver les meilleurs moyens de représenter ces éléments visuellement. Chaque marque est unique, chaque univers est différent. Il y a une combinaison infinie de possibilités, car même des marques opérant dans le même secteur peuvent avoir des identités distinctes. Pour moi, l'essentiel est d'apporter des solutions innovantes pour chaque marque, en les poussant parfois hors de leur zone de confort pour obtenir des résultats surprenants. Le véritable défi consiste à résoudre les problèmes tout en évitant d'en créer de nouveaux. En somme, notre objectif est de toujours offrir des solutions créatives et efficaces dans le domaine du branding, en repoussant constamment les limites pour obtenir le meilleur résultat possible.
As-tu un projet de rêve ? Un(e) designer/designeuse, une marque avec qui tu souhaiterais collaborer ?
Je me suis interrogé sur ce sujet parce que j'avais une vision assez tranchée à la base. Cependant, au fil du temps, cette certitude s'est estompée. Il y a cette célèbre phrase, je crois qu'elle dit quelque chose comme ne jamais rencontrer ses idoles. En réalité, il y a des marques dont on se fait une certaine idée, on se dit que ce serait incroyable de travailler avec elles, mais parfois, ce n'est pas le cas. D'autres marques, en revanche, sont beaucoup plus surprenantes. On pourrait penser qu'il serait difficile de travailler avec elles, mais finalement, c'est une expérience formidable et nous pouvons réaliser de belles choses. Pour moi, l'important est de travailler avec des personnes fières de leur marque, engagées dans leur projet, prêtes à nous faire confiance, à l'équipe et aux designers, et qui veulent repousser les limites. Peu importe le secteur d'activité, le produit ou le service qu'ils proposent. Travailler sur des marques où les gens ne sont pas totalement investis peut-être décevant. Par exemple, QoQa est un bon exemple, car les personnes impliquées sont vraiment passionnées et émotionnellement attachées au projet, tout en accordant une grande confiance à l'agence. Donc en fin de compte, ce que je recherche, c'est collaborer avec des individus motivés, désireux de produire un travail de qualité et de faire progresser leur marque. Chaque projet devrait être exceptionnel. Cependant, il arrive parfois que le client ne dispose pas des ressources requises pour mettre en œuvre les changements suggérés, ce qui peut conduire à un échec ... Il est donc crucial que, si un nouveau branding est envisagé, les ressources adéquates soient allouées pour permettre au projet de se développer et d'évoluer.
De quel projet es-tu le plus fier ? Et pourquoi ?
Hier soir, j'y pensais. Je me souviens de mon premier grand projet chez Base Design, celui qui a déclenché quelque chose en moi : BERNEY ASSOCIÉS, une société de fiduciaire. Au départ, en tant que designer, quand on te confie la refonte de l'identité visuelle d'une société de fiduciaire, tu te dis que ça va être difficile. Mais le client avait cette volonté de repousser les limites, de changer les règles établies.
C'est là que j'ai vraiment compris ce qu'était le branding. J'ai réalisé que tout était possible, même dans des secteurs plus conventionnels. Le résultat a été formidable, une identité simple mais efficace qui fonctionne encore aujourd'hui. C'est gratifiant de voir que notre travail perdure dans le temps. Contrairement à certaines marques qui changent d'identité tous les deux ans pour suivre les tendances, je préfère répondre aux besoins de la marque pour ne pas avoir besoin de changement avant quelques années.
Travailler sur ce projet a été un véritable plaisir. C'était l'un des premiers projets où j'ai vraiment pu exprimer ma créativité. Je me souviens du jour de la présentation, j'avais un look un peu décalé avec des cheveux, mi-longs décolorés et un pull rose portant l'inscription "antisocial" en lettres gothiques. En face de moi, il y avait ces fiduciaires, tous en costume-cravate. C'était un moment mémorable. Ils ont adoré notre travail et nous avons pu continuer à travailler ensemble. Peu importe le domaine d'activité de la marque, tant qu'ils sont prêts à innover, nous sommes prêts à relever le défi. C'était vraiment un projet génial. En fin de compte, il y avait quelque chose de cool dans le fait que le designer soit un peu excentrique. Et finalement, eux aussi, malgré leur aspect formel, ils étaient ouverts à l'idée de sortir des sentiers battus. C'est pourquoi il est crucial de regarder au-delà de la surface et de comprendre ce que la marque a réellement à offrir.
Un remède contre la feuille blanche ou le blocage créatif ?
Je suis convaincu qu'il est essentiel d'agir, de produire. Dès qu'un nouveau projet se présente, je me lance dans une recherche de mood, explorant différents exemples et références pour m'inspirer. Ensuite, je m'efforce de produire rapidement quelque chose pour évaluer son efficacité.
À mon sens, il est inutile de trop réfléchir à un projet avant de passer à l'action, car parfois, ce que l'on imagine ne se concrétise pas comme prévu une fois mis en pratique. Il est donc crucial de procéder par itérations, en faisant des allers-retours entre la recherche de mood, la production, l'évaluation et la révision. En résumé, cette approche de travail en boucle continu me permet de rester constamment en mouvement, sans jamais me sentir bloqué.
Le véritable défi consiste à résoudre les problèmes tout en évitant d'en créer de nouveaux. En somme, notre objectif est de toujours offrir des solutions créatives et efficaces dans le domaine du branding, en repoussant constamment les limites pour obtenir le meilleur résultat possible.
Luc Vega
Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un qui souhaite devenir designer ?
Il est essentiel de suivre ses rêves, mais je pense que c'est une démarche complexe, car le design, en soi, est une représentation personnelle. Plus je réfléchis à cela, plus je réalise que chaque designer exprime une part de lui-même à travers son travail. Il est donc primordial d'être authentique, de se pousser vers de nouveaux horizons, d'explorer de nouvelles idées et de se challenger. L'aspect le plus important, à mon avis, est de prendre du plaisir dans ce que l'on fait. Passer huit heures par jour derrière un écran à concevoir des supports doit être gratifiant d'une manière ou d'une autre. Cela peut être une forme d'expression personnelle pour certains, tandis que pour d'autres, cela peut répondre à d'autres besoins.
Il est crucial de trouver un lien affectif avec son travail, car il est très émotionnel et reflète une partie de nous-mêmes. En même temps, il est important de ne pas prendre les choses trop à cœur. Les réactions peuvent varier, et il faut apprendre à lâcher prise. Les retours peuvent être subjectifs et il est difficile de satisfaire tout le monde à 100 %. Il faut prendre les critiques de manière constructive, rebondir et continuer à avancer. Cela demande du temps et de la pratique, mais c'est un aspect important du métier de designer.
L'école m'a beaucoup appris à ce sujet. Les professeurs nous ont enseigné l'importance de rester ouvert aux critiques, de se remettre en question et de persévérer malgré les obstacles. C'est un processus d'apprentissage continu et un jeu d'équilibre entre confiance en soi et acceptation des retours.
Où peut-on te suivre et consulter tes travaux ?
Le site de Base Design et mon Instagram, bien que ce dernier ne soit pas très à jour.
Fondue ou Raclette ?
La raclette avec une tranche d'ananas dessus. Certains pourraient être perplexes au premier abord. Avant de juger, soyez ouverts d'esprit, osez l'expérience. L'association du sucré et du salé avec le fromage est surprenante, explosive, tout simplement délicieuse.
Comparée à la fondue, la raclette offre une expérience plus détendue. Pas de précipitation pour éviter qu'elle ne brûle, prenez votre temps, mariez-la à d'autres ingrédients, c'est plus convivial.
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